Taillebourg : présentation de la commune

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Les origines de Taillebourg

La présence d’éléments de la fin du paléolithique atteste d’une activité sur le territoire depuis des temps très reculés. Au 5e siècle avant J.C., la terre de Taillebourg est occupée par des envahisseurs Gaulois, puis par les Romains. Des haches du néolithique aurait également été trouvées, notamment sur les fiefs de Puyravault et Beaulieu. Vers 730, les Sarrasins (Musulmans installés en Espagne) dévastent la Saintonge avant d’être arrêtés par Charles-Martel à Poitiers. C’est en 770 que Taillebourg prend son importance avec la visite de Charlemagne en Saintonge et la construction de sa première forteresse. Peu après, les Normands venus de Scandinavie dévastent à plusieurs reprises la région pour finalement être anéantis en 865 par les habitants, lors d’un combat entre Charente et Boutonne.

L’origine du nom de Taillebourg est sujette à deux hypothèses. La première, celle des étymologistes, dit que l’appellation de la localité proviendrait de deux racines celtiques : Tal (hauteur) et burg (bourg). Taillebourg serait donc un bourg édifié sur une hauteur, ou la ville sur la colline. La deuxième théorie tient plus d’une légende. Au 9e siècle, les vikings dévastèrent les rives de l’Atlantique et remontèrent le fleuve Charente. Trouvant un lieu accueillant non loin de ce fleuve, ils s’y installèrent et bâtirent un village qu’ils baptisèrent avec un brin de nostalgie Trelleborg, du nom de leur ville d’origine. Ce Trelleborg, transformée par la prononciation française devint Taillebourg.

La Chaussée de Saint-James construite sur une voie antique, probablement au 12e siècle par Geoffroy de Rançon, Seigneur de Taillebourg, permettait de rejoindre Taillebourg par un pont sur la Charente. Elle comprend 22 arches dont 3 voûtées d’origine. Maintes fois remaniée entre le 12e siècle et le 20e siècle, cette chaussée est toujours utilisée comme voie de secours lors des grandes crues de la Charente.

Connue pour sa chaussée romaine qui permet de traverser à gué la vallée de la Charente par période de crue, Taillebourg fut de tout temps un haut lieu de surveillance sur le fleuve et protégea ainsi l'arrière pays de l'envahisseur. Chef-lieu de Comté, Taillebourg avait au Moyen Age un statut de ville. Vers l'an 800, Charlemagne y aurait couché lors de sa campagne contre les Sarrazins.

Situé sur un éperon rocheux, le château défendait le premier pont sur la Charente depuis l'estuaire du fleuve. Cette position stratégique en a fait l'enjeu de nombreux combats et notamment avec les Anglais. En 1179, Richard Cœur de Lion donne l'assaut à la forteresse et après la victoire ordonne sa destruction. Taillebourg passe ainsi aux mains des Anglais jusqu'à la célèbre bataille de Taillebourg en juillet 1242 où Saint-Louis affronta Henri III, roi d'Angleterre (un tableau de cette scène historique est exposé dans la salle des Batailles au château de Versailles).

D'autres noms célèbres sont liés à ce château puisqu'il abrita Louis VII et Aliénor d'Aquitaine au lendemain de leurs noces (1137), Jacques Cœur après son arrestation, Charles VII à l'occasion de mariage de sa fille naturelle Marie de Valois.

Ce site éminemment stratégique fut le reflet de l'histoire de France. Il vécut les luttes entre catholiques et protestants, fut un centre de résistance à l'autorité royale pendant la Fronde. Son château fut démantelé sur ordre de Louis XIV en 1652, reconstruit par La Trémoille en 1715, puis vendu comme bien national à la Révolution. Il brûla en majeure partie en 1822. De ce puissant château, il reste, la tour, les salles voûtées, les douves, les pavillons construits en 1715, ainsi que le parc avec ses superbes balustres et sa terrasse surplombant la Charente.

La célèbre bataille de Taillebourg

Au Moyen-Age, Taillebourg était connu pour son invulnérabilité grâce à sa position haute et sa falaise qu’on ne franchissait qu’après avoir livré combat. Certains manuels rapportent avec grandeur la Bataille de Taillebourg qui opposa, le 19 juillet 1242, Louis IX à Henri III, roi d’Angleterre. Il n’y eut en réalité qu’escarmouche dans le village car la véritable bataille se déroula à Saintes trois jours plus tard. Cependant, la bataille de Taillebourg fut immortalisée et rendue célèbre par le peintre Eugène Delacroix, en 1837.

Tout commence lorsque Louis VIII donne le Poitou, qui a été rattaché à la couronne de France en 1202, à son fils Alphonse de Poitiers. Tout comme de nombreux seigneurs poitevins, Hugues de Lusignan n’accepte pas de perdre l’autonomie qu’il avait auparavant. Lui et la noblesse poitevine se liguent alors contre leur suzerain. Le point de départ de l’affrontement se situe en 1241, lorsque, sans doute sous l’instigation de son épouse Isabelle d’Angoulême, Hugues de Lusignan insulte le comte de Poitiers en désavouant son hommage.

Cette rétractation est alors une véritable déclaration de guerre. Dès que Louis IX apprend la nouvelle, il décide de porter secours à son frère Alphonse de Poitiers et se prépare à combattre. Avec son armée, il réussit à s’emparer des principales forteresses du Poitou, avant de se rendre à Saintes, qui appartenait alors aux Lusignan.

Hugues de Lusignan, Henri III d’Angleterre, et son frère, le comte de Cornouailles, décidèrent d’aller au-devant du roi de France, qui était hébergé au château de Taillebourg, afin de défendre le passage de la Charente. Le 19 juillet 1242, les deux armées se font face de chaque côté du pont, sans qu’un véritable combat n’ait lieu. Louis IX, sur la rive droite du fleuve, occupait le château et la ville de Taillebourg que lui avait livré le seigneur de Rançon.

Taillebourg et le fleuve Charente

Édifié entièrement sur la rive droite du fleuve, Taillebourg doit originellement sa prospérité à la Charente. Le bourg devient un port fluvial particulièrement actif dès le Moyen Âge. Mais c'est surtout pendant le 19e siècle, notamment pendant l’âge d’or du cognac, au Second Empire, que le trafic portuaire atteint son apogée, lorsque les gabarres transportent les eaux-de-vie de cognac vers Tonnay-Charente, alors le premier expéditeur de cette eau-de-vie fine. Concurrencé rapidement par le chemin de fer - le tronçon Saint-Jean-d’Angély - Taillebourg est mis en service en 1878-, le port décline à partir du 20e siècle. Ce site fluvial est maintenant consacré au nautisme de loisirs, ainsi qu’à la navigation fluviale de croisière ; les bateaux remontent le fleuve depuis Saintes, principal lieu d'embarquement pour les vedettes de croisière.

Depuis 2001, la portion du fleuve située entre le pont autoroutier et l’emplacement de l’ancien pont médiéval fait l’objet de prospections subaquatiques. La grande majorité des éléments mis au jour date des périodes mérovingienne et carolingienne, ce qui contraste avec la carte archéologique des berges, relativement pauvres en occupation du Haut Moyen Age. Les seuls vestiges enregistrés pour ces époques sont principalement des sarcophages. Sur Taillebourg, il existerait un autre site fortifié, en plus du lieu d’implantation du château, situé à la Garenne de Lauze.

Ces recherches ont apporté des données inédites pour une période sur laquelle les textes n’ont livré que de très rares informations, comme l’archéologie terrestre qui n’a pas pas encore permis de localiser les occupations riveraines de la Charente. Celles-ci n’ont sans aucun doute pas manqué d’exister car les traces livrées par le fleuve témoignent d’une importante exploitation du domaine fluvial bien avant l’an mille.

Le site immergé de Taillebourg-Port d’Envaux a laissé apparaître des vestiges en bois et des pieux de structures, correspondant à des digues et des aménagement de berges. La datation de ces éléments montre une installation de ces structures à partir du milieu du 9e siècle et un entretien jusqu’au milieu du 10e siècle.

Sur ce même site, il a été trouvé des céramiques des 6e et 7e siècles. Il s’agit le plus souvent de pots à fonds plats avec une base à accentuation simple et dont la partie centrale possède un décor de ligne ondulée intercalée entre deux bandes parallèles et horizontales effectuées avec une molette. L’analyse de la céramique issue de la prospection du fleuve a permis de mettre en évidence une quantité importante de mobilier. Hormis un élément daté du 7e siècle, l’ensemble de la vaisselle s’étale du 8e au 19e siècle.

Des éléments métalliques en très bon état ont également été retrouvés à Taillebourg. Ce bon état s’explique par les conditions de conservations de ces objets, puisqu’ils ont été enfouis dans un niveau argileux où la corrosion est moins importante qu’en milieu terrestre. Cette abondance d’objets métalliques peut s’expliquer par le fait qu’une arme ou un outil tombé à l’eau était difficilement récupérable. Comme outils, il a été trouvé, par exemple, des lests de filet en plomb, des pierres de lest et des couteaux de petites tailles, qui dateraient du Haut Moyen Age.

Un paysage en lien avec le fleuve Charente

Le territoire communal présente plusieurs caractéristiques. Une organisation en vallons successifs et perpendiculaires à la vallée de la Charente, une ligne de crête au nord et un point culminant au sud, des déclivités ne dépassant pas 50 mètres entre les points les plus haut de la commune et les fonds plats de la Charente.

D’un point de vue topographique, le territoire communal de Taillebourg est marqué par un abrupt promontoire rocheux qui a participé à son attractivité dès l’époque gallo-romaine. En effet, grâce à la vue qu’il offrait sur la Charente, il constituait un lieu privilégié pour la construction d’un château-fort.

Le relief de la commune étant relativement accidenté, le bourg est organisé autour et dans le prolongement de ce promontoire rocheux dominant la vallée de la Charente. Le bourg est bordé au nord-ouest par un ancien marais assaini par le canal de la Rutélière et il est cantonné au sud-est par le bois de la Garenne de Lauze.

D’un point de vue hydrographique, la commune est marquée par la présence de la Charente qui constitue une unité paysagère fondatrice. Le lit majeur sur la rive droite forme un méandre sur lequel vient s’accrocher le bourg. Il forme aussi la frontière naturelle entre Taillebourg et Port d’Envaux.

Les hameaux, au nombre de 24, sont répartis de façon homogène sur l’ensemble de la commune. Un des seuls hameaux établi à proximité de la Charente est la Brossardière. Il est implanté au sommet d’un coteau et sa limite se situe au niveau du fleuve. Ce village est doté d’un élément remarquable, le logis de la Brossardière, posé au sommet d’une pente abrupte et dominant la vallée de la Charente.

Une urbanisation progressive

Au début du 18e siècle, en 1714 (d’après le plan de Claude Masse), c’est le quartier des pêcheurs qui présente le plus de constructions, le reste du bourg est occupé quant à lui par des îlots établis au centre et au nord.

Le plan de 1793 montre un développement considérable du bâti. En effet, les différents îlots ne sont déjà plus visibles, le village haut rejoint le village bas, qui est quasiment rattaché au quartier des pêcheurs. La principale rue du bourg, Aliénor d’Aquitaine, s’est densifiée au cours du 18e siècle, pour atteindre sa densité actuelle et le quartier des pêcheurs est celui qui s’est le moins urbanisé, probablement à cause des contraintes liées au fleuve Charente.

La morphologie du bourg

Taillebourg se caractérise par un développement linéaire de l’habitat, partant du fleuve Charente et se poursuivant vers un plateau. Plusieurs ensembles continus s’articulent les uns avec les autres par l’intermédiaire de places.

Le coeur du Bourg est incarné par une place centrale proposant une respiration au point de jonction avec le parc du château et un axe de développement secondaire. Son bâti est très dense et aggloméré à l’aplomb de la rue. Caractéristique des villages anciens, ses parcelles le long des axes principaux sont étroites et profondes. De ce fait, Taillebourg fait partie des villages inclassables car il s’organise de façon très particulière par rapport à la géographie du site et à son histoire riche, dont il a pu préserver des éléments architecturaux qui lui confère une grande qualité.

Historiquement et socialement, le village peut être découpé en trois entités aux fonctions bien différentes et qui aujourd’hui se trouvent beaucoup moins affirmées.

Le quartier des pêcheurs, l’îlot en contrebas du bourg et en bordure de la Charente, où résidaient autrefois une corporation des pêcheurs. D’ailleurs, une des rues de ce quartier porte le nom de Rue des Pêcheurs. La place bordée d’arbres porte, quant à elle, le nom de Place Saint-Louis, en rapport avec l’ancien pont de Taillebourg devenu célèbre pour la fameuse bataille gagnée par saint Louis en juillet 1242 sur Henri III d'Angleterre.

Le village bas, englobant l’enceinte du château et la rue Aliénor d’Aquitaine jusqu’à la place du Marché, où vivait une population d’artisans et de commerçants. La rue Aliénor d’Aquitaine évoque le fait que lors de son mariage avec Louis VII, celle-ci aurait passé sa nuit de noce au château de Taillebourg.

Le village haut, qui s’étend de la place du Marché jusqu’à la limite nord du village, accueillait autrefois les notables.

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